Bien qu'intouchable, Ambedkar fut un grand homme politique indien, ministre de la justice sous le gouvernement de Nerhu. Il fut considéré comme le père de la constitution indienne.
Surnommé Babasaheb Ambedkar,il est l' initiateur du renouveau du bouddhisme en Inde.
Ambedkar est né à Mhow , dans l'État du Madhya Pradesh) le 14 avril 1891. Il est originaire du groupe des intouchables mahars qui a donné son nom à l'État du Maharashtra. Le mahârâja de Baroda (Vadodara) remarque son esprit brillant et paie ses études. Il intègre ainsi le Elfinstone College à Bombay en 1912, puis obtient un doctorat d'économie à la Columbia University, aux États-Unis. Il entre ensuite à la London School of Economics et devient avocat, membre du barreau de la Gray's Inn de Londres.
Mais, de retour en Inde, il est confronté de nouveau à la discrimination et à l'humiliation des personnes des hautes castes. Il est en désaccord avec Gandhi sur la question d'une assemblée séparée pour les Dalits ou intouchables et sur le principe d'une loi électorale de discrimination positive les favorisant. Pour faire valoir les droits des intouchables, il lance des mouvements de désobéissance civile, consistant notamment à permettre aux intouchables de rentrer dans des temples ou boire de l'eau dans les fontaines, ce qui leur était interdit car les brahmanes considèrent que les intouchables souillent l'eau et polluent les temples.
Du fait de la proéminence d'Ambedkar au sein de la communauté intouchable, et du soutien que lui apportait celle-ci, il fut invité à la deuxième Round Table Conference, à Londres, en 1932. Gandhi s'y opposa avec force à l'idée, pour les élections parlementaires, d'un électorat séparé pour les intouchables, disant qu'il craignait qu'un tel arrangement ne scinde la communauté hindoue en deux.
En 1932, lorsque les Britanniques se mirent d'accord avec Ambedkar et annoncèrent la mise en place d'un électorat séparé, Gandhi protesta en jeûnant, alors qu'il était emprisonné à la prison centrale de Yerwada, à Pune. Le jeûne provoqua des réactions enflammées dans toute l'Inde et des leaders, politiciens et activistes hindous orthodoxes tels que Madan Mohan Malaviya et Palwankar Baloo organisèrent des rencontres avec Ambedkar et ses supporters à Yerwada. Craignant des représailles collectives et des actes de violence contre les intouchables, Ambedkar fut forcé de signer un accord avec Gandhi. Cet accord, qui aboutit à la fin du jeûne de Gandhi et à l'abandon par Ambedkar de son exigence d'un électorat séparé, fut appelé le Pacte de Pune. Au lieu d'un électorat séparé, l'accord aboutit à l'attribution d'un certain nombre de sièges réservés aux intouchables (qui, dans l'accord, formaient ce qui était encore appelé la Depressed Class).
En 1947, Nehru le nomme Ministre de la Justice dans le premier gouvernement de l'Inde indépendante et le charge de rédiger la constitution du pays. Il y inclut la prohibition de toutes formes de discrimination, tant envers les intouchables hors-castes qu'envers les femmes, et la liberté de religion. Il lance des mesures destinées à améliorer la condition sociale des femmes et instaure un système destiné à permettre aux personnes des classes basses de faire des études et de trouver un travail en rapport avec leurs qualifications.
Il est convaincu que l'intouchabilité, étant liée au système des castes, est consubstantielle à l'hindouisme. Ce fait, et l’omniprésence de l’hindouisme dans la vie indienne, expliquent pour Ambedkar l'échec de ses approches sociales et politiques du changement de la situation des Dalits. À une conference à Yeola en 1935, il déclara qu’il ne mourra pas hindou, et que l’hindouisme perpétue les injustices de caste.
Après une étude des grandes religions du monde (ainsi que du marxisme), il devient convaincu que la conversion des Dalits au bouddhisme est la meilleure solution, la meilleure issue possible hors de l'hindouisme. Le 14 octobre 1956, peu avant son décès, il organise la première conversion en masse de ses compagnons hors-caste : en présence de quelque 380 000 intouchables rassemblés à Nagpur, il se convertit en prenant de Bhadant U Chandramani, un des plus anciens des moines bouddhistes en Inde à l'époque, lesTrois Refuges et les Cinq Préceptes. Suite à cela, il les administre aux intouchables présents, les convertissant au bouddhisme - fait marquant dans l'histoire du bouddhisme en Inde, le bouddhisme ayant quasiment disparu du sous-continent indien au début du xiiie siècle. Il ajoute aux Refuges et aux Préceptes une série de 22 vœux rédigés par lui-même.
Les Trois Refuges désignent normalement les trois joyaux, objet central du rite qu'un candidat volontaire doit prendre pour devenir bouddhiste laïc .
Le bouddha, le dharma (enseignement du bouddha) et le sangha (communauté bouddhiste) constituent les Trois Refuges que les personnes prétendantes à se libérer des souffrances de la réincarnation et à devenir finalement bouddha doivent prendre comme protections, guides ou boussoles : celui qui cherche refuge dans le Bouddha, le Dharma et le Sangha, voit avec une juste connaissance les Quatre vérités des Aryas.La souffrance, la cause de la souffrance, le passage au-delà de la souffrance et l'Octuple sentier qui mène à la cessation de la souffrance.Ceci, vraiment est le sûr refuge; ceci, vraiment, est le refuge suprême. Cherchant un tel refuge, on est libéré de la souffrance. (Dhammapada, 190-192, traduction Prajñānanda)
Lors de la cérémonie solennelle ayant lieu normalement dans un monastère, un maître de dharma, souvent le vénérable ou patriarche du monastère, explique aux candidats les contenus des Trois Joyaux (bouddha, dharma, sangha) et les importances de la prise des Trois Refuges. Et puis les candidats répètent trois fois après le maître la formule de refuges.
Les cinq préceptes, communs à tous les bouddhistes (laïcs et moines) de toutes les traditions, sont :
- S'efforcer de ne pas nuire aux êtres vivants ni prendre la vie (le principe d'ahimsa, « non-violence »),
- S'efforcer de ne pas prendre ce qui n'est pas donné,
- S'efforcer de ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte ─ plus généralement garder la maîtrise des sens,
- S'efforcer de ne pas user de paroles fausses ou mensongères,
- S'efforcer de s'abstenir d'alcool et de tous les intoxicants.
Les 22 vœux d'Ambedkar
Ce sont des instructions pratiques destinées d'une part à initier chez les convertis une réelle pratique bouddhique, et d'autre part à éviter qu’ils n’amalgament le bouddhisme avec l’hindouisme, ce que font les hindous. Ces 22 vœux sont les suivants (il est à noter que les vœux n° 13 à 17 correspondent aux cinq préceptes bouddhiques, le premier sous sa forme positive, les quatre autres sous leur forme négative) :
Inscription des 22 vœux à Deekshabhoomi (lieu de la conversion), à Nagpur.
- Je n’aurai pas de foi en Brahma, Vishnou et Maheshwara, et je ne les vénérerai pas.
_ Je n’aurai pas de foi en Rāma et en Krishna, qui sont considérés comme des incarnations de Dieu, et je ne les vénérerai pas.
- Je n’aurai pas de foi en Gauri, Ganapati et autres dieux et déesse des hindous, et je ne les vénérerai pas.
- Je ne crois pas à l’incarnation de Dieu.
- Je ne crois pas et ne croirai pas que le Seigneur Bouddha était l’incarnation de Vishnou. Je crois que ceci est simple folie et fausse propagande.
- Je ne ferai pas de Śrāddha (rituel fait aux ancêtres), et ne donnerai pas de pind-dan (offrande hindoue).
- Je n’agirai pas d’une manière violant les principes et l’enseignement du Bouddha.
- Je ne permettrai pas que des cérémonies soient menées par des brahmanes.
- Je croirai en l’égalité des hommes.
- Je m’efforcerai d’établir l’égalité.
- Je suivrai le Noble Chemin octuple du Bouddha.
- Je suivrai les dix préceptes prescrits par le Bouddha.
- J’aurai de la compassion et de la bienveillance envers tous les êtres vivants, et je les protégerai.
- Je ne volerai pas.
- Je ne mentirai pas.
- Je ne commettrai pas de péché de la chair.
- Je ne prendrai pas d’intoxicants tels que de l’alcool, des drogues, etc.
- Je m’efforcerai de suivre le Noble Chemin octuple et de pratiquer la compassion et la bienveillance dans la vie quotidienne.
- Je renonce à l’hindouisme, qui défavorise l’humanité et qui empêche l’avancée et le développement de l’humanité, car il est basé sur inégalité, et j’adopte le bouddhisme comme religion.
- Je crois fermement que le Dhamma du Bouddha est la seule religion.
- Je considère que j’ai suis né à nouveau.
- Je déclare solennellement et j’affirme que dès maintenant je mènerai ma vie selon les enseignement du Dhamma du Bouddha.
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